[Enquête] Que se passe t-il avec les eaux minérales ?
Fin d'année dernière, on se posait la question si le marché des eaux minérales était en danger, avec en premier lieu, la sécheresse de l'été et les innombrables sur-exploitations des nappes phréatiques. Aujourd'hui, tout aussi grave, on apprends que les groupes Nestlé Waters, Sources Alma et l'eau Fiée des lois, détenue par le groupement Intermarché, ont caché aux consommateurs que l'eau qu’ils pompaient était contaminée. Enquête.
Nestlé Waters, le premier démasqué
Le 29 janvier dernier, on apprenait avec stupeur que des eaux minérales vendues en grande distribution étaient contaminées. Le premier à être démasqué et mis sur le banc des accusés, c'est le groupe Nestlé Waters. Dans son portefeuille de marque, L'ensemble de ses eaux seraient concernées par la contamination : Vittel, Perrier, Contrex et Hépar notamment. Un énorme problème de santé donc, quand on sait que le groupe embouteilles et vend chaque année, des milliards de bouteilles.
Quelques heures après, le minéralier prend la parole et reconnaît avoir eu recours à des traitements interdits d’ultraviolets et de filtres au charbon actif sur des eaux minérales pour maintenir leur sécurité alimentaire.
Rappelons tout de même que la réglementation française interdit toute désinfection des eaux minérales, car elle estime que celles-ci sont "pures". Les eaux doivent donc présenter naturellement une haute qualité microbiologique, contrairement à l’eau du robinet, qui est désinfectée avant de devenir potable.
Nestlé Waters justifie le recours à ces techniques par l’évolution des conditions climatiques et environnementales, avec la multiplication d’évènements extrêmes, à l’instar de sécheresses ou d’inondations, combinés à l’expansion des activités humaines autour des sites de pompage, rendant très difficile le maintien de la stabilité des caractéristiques essentielles d’une eau minérale naturelle, autrement dit leur sécurité alimentaire et leur composition en minéraux.
Aujourd'hui, les marques concernées par ce scandale sont désormais pleinement conformes au cadre réglementaire applicable en France, comme l'annonce le groupe.
Sources Alma, pointé du doigt
Le lendemain, une nouvelle information tombe : le groupe Sources Alma est à son tour épinglé par les autorités françaises. Il aurait également réalisé des traitements interdits sur ses eaux. Comparé à son confrère, "seulement" 30% de sa gamme est touchée.
Cette fois-ci, pas de trace d’ultraviolets ou de filtres au charbon actif, l’entreprise a injectée du sulfate de fer et du CO2 industriel à ses eaux minérales. Des traitements non conformes à la réglementation encore une fois.
Sources Alma prend rapidement la parole afin de rassurer les consommateurs sur la qualité de ses produits. Le groupe affirme que les contrôles réalisés par les autorités sanitaires confirment que toutes les eaux produites par Sources ALMA sont conformes et que la sécurité sanitaire et alimentaire de ces eaux n'a jamais été remise en cause. L'entreprise finit par préciser que Cristaline, le produit le plus vendu en France, n'est pas visée par l'enquête.
Un ouf de soulagement pour la plupart des français, dont un foyer sur deux consomment quotidiennement l'eau phare du groupe. Aucune communication sur les marques du groupe qui ont subi un traitement, mais on s'intérroge tout de même quand on connait leur énorme portefeuille de marque : Rozana, Saint Yorre, Courmeyeur, Mont Blanc, Vichy, Mont Blanc...
Fiée des lois, retirée du marché
L'Etat, qui était au courant des problèmes après plusieurs alertes en 2021, a tout fait pour régler le problème au plus vite. Il a notamment envoyer des autorités compétentes analyser et enquêter directement aux sources et dans les groupes minéraliers français. Rappelons que la contamination microbiologique de l'eau potable peut être à l'origine de la transmission de maladies telles que la diarrhée, le choléra, la dysenterie, la fièvre typhoïde et la poliomyélite, et des études estiment qu'elle entraîne chaque année
505 000 décès consécutifs à des maladies diarrhéiques.
On pensait donc être rassuré et pouvoir reboire sans crainte nos eaux préférées, mais c'était sans compter sur un troisième acteur du marché. En effet, moins d'un mois après le début du scandale, le groupement Les Mousquetaires (Intermarché) retire de ses magasins son eau Fiée des Lois, ainsi que eaux "premiers prix", après que des pesticides ont été décelés dans la nappe où est puissé l'eau. Un problème de conformité réglementaire cependant sans risque pour notre santé, assure le groupe.
Conséquence de cette action, un arrêt brutal pour l'usine, située dans les Deux-Sèvres et qui conditionne pas moins de 45 millions de bouteilles par an.
Le rayon des eaux continue donc d’être secoué, et cette énième affaire ne fait que relancer la question : ne serait-il pas préférable de boire l'eau du robinet ? Car même si elle est décriée depuis des années maintenant, l’eau du robinet est généralement de bonne qualité mais également très réglementée et fréquemment testée. Elle est aussi plus économique et logiquement plus écologique que les packs en grande distribution.