[Enquête] Eaux minérales, un marché en danger ?

Dec 21, 2023Par Damien
Damien

En France, chaque année, près de 7 milliards de litres d'eau sont puisés dans les nappes souterraines. Mais alors que la consommation d'eau minérale est en constante augmentation, dans les supermarchés, on trouve de plus en plus de rupture ou de prix à la hausse. Alors, que se passe t-il réellement dans les rayons de nos supermarchés préférés ? 

Hépar, l'absence qui dure

Logo Nestlé Waters avec l'usine d'embouteillage en fond
Usine d'embouteillage de Nestlé Waters dans les Vosges

Avec des canicules records encore cet été, le marché des eaux minérales a le vent en poupe. Les ventes ont d'ailleurs fait un bond de 16,5% par rapport à juillet 2021 ! Mais à contrario, plusieurs industriels de l'eau minérale sont contraints de réduire leur forrage.

Nestlé Waters (qui détient Contrex, Hépar, Vittel, Perrier ou encore San Pellegrino par exemple) a été touché de plein fouet par la sécheresse cet été. Résultat : deux des six forrages pour puiser son eau phare Hépar ont été fermés, ce qui représente à eux deux plus de 60% de la production ! Voilà pourquoi depuis plusieurs mois, nous ne trouvons que très peu voire pas du tout d'Hépar dans les rayons.

Deuxième élément de réponse, depuis 2010, le groupe a réduit ses prélévements d'eau de 23%. Une action qui se répercute, là aussi, sur la disponibilité du produit dans les magasins distributeurs. 

A noter que le groupe suisse a aussi réduit ses prélèvements de 22 % sur la dernière décennie pour son eau Vittel, par rapport aux autorisations de l'Etat. Cela expliquerait là aussi les ruptures sur cette eau cette année.

Volvic, lui aussi dans le viseur

Usine Danone Eaux, enneigée
Usine Danone Eaux dans la Haute-Savoie

Danone Eaux (qui détient de son côté Badoit, Volvic, Evian par exemple) a de son côté été attaqué en justice par un habitant de Volvic. Celui-ci n'a plus d'eau pour sa pisciculture, assechée selon lui, par l'incessante exploitation de la nappe par le groupe. 470 litres seconde coule normalement dans son bassin, là où à l'heure actuelle, plus aucune trace d'eau n'est visible.

La Société des Eaux de Volvic affirme de son côté, via la voix de sa responsable des RSE, Christine Raphanel, que la ressource est gérée durablement dans un respect strict des arrêtés secheresses. L'objectif, selon elle, est que la ressource reste pérenne, pour plusieurs raison : pour l'eau potable, pour la nature dont la faune et la flore et pour les consommateurs évidemment.

La preuve, depuis 2017, Volvic a réduit de 13% l'exploitation de la nappe, en réduisant par exemple le gaspillage d'eau sur les chaines d'embouteillages. Avec des nouvelles technologies permettant de ne pas rincer à l'eau les bouteilles, c'est 360 millons de litres d'économisés selon le groupe.

Une bonne action quand on sait que Volvic prélève chaque année plus de 2,33 milliards de litre d'eau (dix fois plus qu'il y a 30 ans !), sur les 2,5 milliards que la marque à le droit de puiser. 
A noter que le bassin de Volvic contient 11 milliards de litres d'eau.

On le sait, les réserves d'eau minérale sont très profondes, elles mettent donc beaucoup plus de temps à se remplir que les nappes phréatiques. A titre d'exemple, pour son eau Evian, Danone doit attendre une dizaine d'années pour exploiter l'eau qu'elle capte en raison de l'imperméabilité des sols savoyards.

Deux camps s'opposent

Pour certains hydrologues, si les minéraliers ne réduisent pas drastiquement leur vitesse d'exploitation, ce modèle de consommation sera terminé dans 5 à 10 ans. De son côte, le syndicat des eaux affirme que ces pompages ne représentent que 0,3 % des prélèvements d'eau potable.

En plus d'une crise climatique et d'une forte consommation d'eau, des répercussions indirectes peuvent donc se faire ressentir sur le marché des eaux minérales à court et long terme. On l'a vu ensemble, les ressources en eau utilisées pour la production d'eau minérale proviennent de nappes souterraines, qui peuvent être affectées par des sécheresses prolongées ou une surexploitation. Cela peut entraîner une diminution de la disponibilité des ressources en eau, comme l'eau Hépar ou Vittel, mais aussi une augmentation des coûts de production, coûts qui se répercute sur une hausse des prix en magasin.

Par conséquent, bien que le marché des eaux minérales en France ne soit pas immédiatement menacé par le climat et la sur-consommation, ces problématiques pourraient potentiellement avoir un impact sur le marché à plus long terme, en fonction de l'évolution des attitudes des consommateurs et des politiques environnementales.

Et vous qu'en pensez-vous ?

Le saviez-vous ? - La France est le premier pays exportateur d'eau dans le monde, avec 40% des parts de marché mondiales. Ahurissant !